Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, je vous ay bien voulleu advertir par Boniveau de
2mon arrivée en ce lieu et fère entendre le désir que j’ay de
3savoyr l’estat de vostre disposition. Je prye Dieu qu’il soyt
4tel que je le vous souhaicte. Quand à ma santé, elle est
5assez bonne, grâces à Nostre Seigneur, pour avoyr faict ung
6voiaige de dix moys et avec la peyne et travail que vous
7savés qu’il y a d’estre à la court. Il est vray qu’estant
8icy, je particippe de la peyne et fascherye en laquelle
9ma fame est réduicte et constituée, l’ayant trouvée
10en une telle extrémitté que les médecins ne savoyent
11plus à quoy recourir, quy sont presque les ordinayres
12et acostumées réceptions que l’ay à ma maison puis dix
13ou quinze ans en sa qu’il y a que ceste pouvre créature
14est conffinée en ceste perplexité, qui ne me peult
15apporter que le regret et desplaisir tel que vous monsieur
16pouvez pancer. Le bon Dieu m’en donnera consolation quant
17il luy plairra me randre digne de ses grâces. Cependant
18je jouys du repos le plus que je puis, me desdyant
19et faisant estat de m’acheminer à l’assiègement
20de La Rochelle, encores pour ceste bonne foys ; pour
21le regard des affayres de Nismes, j’ay laissé à
22Beaucayre monsieur le mareschal d’Ampville bien
23Occupé à y provoyr, d’aultant qu’il n’a poinct les
24Forces ny les moyens telz qu’il désireroyt et que
25Seroyt de besoing d’avoyr pour tyrer l’hobéissance
26debue au roy du nombre des gens qui sont dedans
27assez disposés à soy conserver en leur opiniastreté.
28Il a mandé par monsieur de Lombes à sa magesté pour
29[v] luy faire adnoncer de mettre sus les impozitions nécessaires
30en son gouvernement pour cest effaict. A quoy je ne
31doubte poinct qu’il ne soyt bien requiz que les gouverneurs
32limitrophes et voisins de ceste lizière luy soyent
33bons coadjucteurs comme vous monsieur savez trop mieulx.
34Au surplus, monsieur de La Coste et moy adcistons
35aux comptes de messieurs de Sault il y a quelques jours
36et pance qu’ilz seront bien tost desterminés et
37arrestés, nous promettant luy et moy d’avoyr
38ce bien que de vous tenir bien tost en ces cartiers
39là où nous discourrons sur le surplus, Dieu
40aydant, auquel je prye vous donner
41Monsieur, en parfaicte santé longue et heureuse vye,
42me recommandant très humblement à votre bonne
43grâce. De Cadenet, ce VIIIe décembre 1572
44Votre bien humble cousin et hobéissant
45à vous faire service
46de Cadenet
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